Une histoire d’amour suédoise. Histoire d’un couple de professionnels de la santé en Suède

Académie de médecine (intérieur, étudiants dans une salle de travaux pratiques) -Agence Rol• Crédits – Domaine public, BNF

Jacob est un infirmier et ambulancier suédois spécialisé et sa petite amie Sara est une pédiatre espagnole. Les deux vivent à Stockholm et sont en couple depuis 2009. Ils ont un bébé de 9 mois.

Ils se sont rencontrés lors d’une soirée à Udine, en Italie, alors qu’ils étaient tous deux étudiants dans le cadre du programme d’échange universitaire européen ERASMUS. Tout commença par un verre de calimocho que Sara proposa à Jacob (boisson prisée par les jeunes en Espagne. Il s’agit d’un dangereux mélange de vin rouge bon marché et de coca-cola). Peu de temps après ils tombèrent amoureux et très rapidement, ils parlèrent d’avoir des enfants dans un futur plus ou moins proche. Jacob lui avoua qu’il rêvait d’en avoir 13, elle lui répondit qu’il ne fallait pas s’enflammer.

Les deux professionnels de la santé ont toujours eu des semaines bien remplies et de longues gardes, mais ils ne s’en plaignent pas. Ils sont habitués à être flexibles et à gérer les imprévus. Ils savent que travailler dans le domaine de la santé en Suède n’est pas la même chose que dans d’autres pays. Là-bas, les conditions de travail sont généralement meilleures. Les congés parentaux, par exemple, représentent au total 480 jours que les parents peuvent se répartir à leur guise sur plusieurs années. Pendant sa grossesse, Sara a travaillé jusqu’à la 34e semaine et n’a jamais eu de problème pour se rendre à ses rendez-vous chez le médecin. Dans la clinique où elle exerce ils lui ont toujours proposé des solutions. Par exemple, ils ont adapté ses horaires pendant la pandémie pour qu’elle n’ait pas à prendre les transports aux heures de pointe. « Le système suédois m’a très bien traitée », explique le médecin. Jacob a également des horaires agréables malgré de nombreuses réunions car l’infirmier est chargé, entre autres tâches, d’améliorer les routines du personnel soignant de son hôpital.

Malgré ces bonnes conditions de travail, le couple ramène à la maison les tensions du quotidien. « Nous ne sommes pas des machines » explique Sara. Le niveau de responsabilité et la proximité de la douleur et de la mort ne sont pas faciles à supporter, mais ils se soutiennent mutuellement. Après le travail, ils parlent ensemble. À Stockholm, il existe aussi des protocoles d’aide psychologique à l’hôpital. Dans le secteur ambulancier c’est fréquent car c’est un personnel qui est au premier rang du soin et surexposé aux situations complexes. Sara pense que le travail de Jacob est difficile. La pédiatre a une lourde charge de travail mais pas le stress des urgences. Elle est fière de son compagnon : « Jacob est un super papa et c’est le meilleur infirmier du monde. »

Copyright Sara Marin

À la maison, il s’occupe de la nourriture et du nettoyage de la cuisine. Sa femme estime que les tâches ménagères se répartissent ainsi : 70% pour elle et 30% pour Jacob. Il s’occupe également de payer les factures et des tâches administratives. Dans son temps libre et même après avoir eu un bébé, le couple continue de voyager fréquemment en Finlande, le pays du père de Jacob, et en Espagne. Sara marche aussi beaucoup, malgré le temps peu clément de la capitale scandinave, et va souvent à la salle de sport. Jacob joue au foot quand son genou, qui a été opéré deux fois, le lui permet. Enfin, elle aime regarder des séries médicales. « Le milieu hospitalier ce n’est pas Grey’s Anatomy, mais c’est vrai qu’on passe beaucoup de temps en consultations et qu’on crée des liens très forts avec d’autres collègues. Pour le travail d’équipe, cette complicité est nécessaire. C’est important d’avoir de bonnes relations avec les collègues. Cordiales au minimum. Parfois celles-ci deviennent de véritables amitiés.

Le dernier dîner en tête à tête du couple a eu lieu après l’arrivée de leur fille et n’a pas été un succès. Ils étaient tellement épuisés qu’ils ont fini par manger des saucisses avant d’aller se coucher. «Il y a un an, nous dînions au moins une fois par mois au restaurant et nous trouvions toujours un moment dans la semaine pour boire un verre de vin à la maison ». Parfois, ils se sont même croisés à l’hôpital et cachés dans la cuisine pour s’embrasser, mais en général ils sont très discrets. « Il faut être professionnel » commente Sara avec le sourire.

Le médecin et l’infirmier ont le sens de l’humour. Jacob dit que Sara est « la patronne » et que cela ne le dérange pas qu’elle gagne plus que lui. « Je le vis très bien », répond la pédiatre en riant. « Ce qui m’arrive aussi », nous dit-elle, « c’est que je me sens plus empathique avec les infirmières au travail parce que je comprends la pression qui pèse sur leurs épaules. »

Quand je leur demande enfin ce qu’ils prévoient de faire pour la Saint-Valentin, Sara dit à son partenaire « il va falloir inventer quelque chose qui donne l’impression qu’on s’amuse énormément ». Jacob propose une promenade le long de la rivière et un dîner. Sara lui reproche affectueusement son manque d’imagination. Finalement, ils me demandent d’inventer quelque chose. Je fais un effort, mais rien ne me vient à l’esprit si ce n’est que ces deux là n’ont pas besoin de célébrer ce jour-là en particulier. Le couple en blouse blanche forme une solide équipe. Ce qu’ils ont construit ensemble est unique.  Love is in the air…